Le Facilitateur en Agriculture Urbaine (FAU) est, depuis 2018, un service d’information et d’accompagnement pour le développement de l’agriculture au cœur de la Région bruxelloise. Au travers d’une guidance, des experts et expertes pluridisciplinaires sont à la disposition des communes, des organismes publics et des collectivités, des propriétaires, des bureaux d’architecture, de promotion immobilière et des développeurs du territoire.
Vous construisez un nouveau quartier, rénovez un bâtiment ou planifiez l’aménagement d’une nouvelle école en Région bruxelloise ? Réserver une place à de la production agricole locale est aujourd’hui devenu incontournable. Il est en effet essentiel d’aménager autrement le territoire pour y implanter davantage d’espaces naturels nourriciers. Caroline Bini est coordinatrice du Facilitateur en Agriculture Urbaine à Bruxelles. Elle nous explique comment fonctionne le facilitateur pour ceux et celles qui veulent intégrer la production agricole dans leur développement urbain à Bruxelles.
« Le Facilitateur en Agriculture Urbaine, sous sa forme actuelle, est un consortium qui regroupe 3 partenaires. Il y a Group One, qui offre du coaching et de l’accompagnement vers une économie durable, avec un focus dans les services alimentaires. ERU Urbanisme, bureau d'études urbanistiques et juridiques spécialisé dans le développement durable et Green SURF, structure d’expertise qui aide à réintroduire des fonctions nourricières en ville.
À la différence de tous les autres acteurs dans ce domaine, notre priorité n'est pas d'accompagner le producteur, la productrice agricole ou le maraîcher, la maraîchère. Nous accompagnons exclusivement les acteurs professionnels de l'aménagement de la ville. Nous intervenons lors de la construction d’un quartier, d’un bâtiment, de la rénovation d’un immeuble de bureaux, de la création une nouvelle école, d’un Plan d’Aménagement Directeur (PAD) ou dans le cadre d’un contrat de … Ensemble avec les entreprises et les développeurs publics, nous évaluons la façon dont ces immeubles ou quartiers peuvent accueillir de l’agriculture nouvelle pour permettre aux citoyens, citoyennes ou aux maraîchers et maraichères professionnels d'en profiter. »
« Nos clients réguliers sont les communes et les CPAS qui sont les développeurs publics numéro un. Parmi les organismes publics régionaux, nous collaborons avec citydev.brussels qui gère les parcs d'activités commerciaux et de gros projets mixtes, avec des habitations et des commerces. Nous sommes en relation avec perspective.brussels, l'organe de planification urbaine, qui travaille en concertation avec la Société d’Aménagement Urbain (SAU). Parmi leurs grands projets en cours, on peut citer la rénovation des casernes à Ixelles, U-Square. Un tout nouveau quartier en devenir.
À côté de ça, il y a tous les développeurs privés : propriétaires, développeurs immobiliers, architectes, etc. Ces structures viennent chercher du conseil auprès de notre service. »
« Un de nos rôles est le conseil dans les projets d’aménagement. Nous allons sur place, nous visitons les chantiers, nous participons à des réunions de conception des projets et nous proposons différents scénarios avec des études de potentiel pour inclure des activités agricoles, des plantations, des filières de formations, etc. Nous réalisons des plans financiers, des analyses de biodiversité, des vérifications de contrats pour l’occupation des espaces agricoles. Nous conseillons aussi sur les sols, l'énergie. Le but du facilitateur, c'est d’accompagner, montrer le chemin à suivre.
Nous faisons le lien entre les développeurs immobiliers, propriétaires et ceux et celles qui cherchent un espace agricole. Un enjeu de taille à Bruxelles ! Dans ce cas, nous avons un partenaire sous-traitant, Terre-en vue, dont la mission est d’aider à la recherche de terres pour la production.
Nous jouons un rôle de plateforme pour que les propriétaires de terrains, de bâtiments ou de parkings puissent les proposer soit à du maraîchage, soit à un potager citoyen. Dans ce cas, nous les aidons aussi à choisir les porteurs et porteuses de projets ainsi que les conditions d’exploitation. La mise à disposition du terrain sera-t-elle payante ou gratuite ? Sous quel type de contrat : un bail à ferme, une concession de services ou un contrat commodat ?
Nous faisons en outre des recommandations au niveau de la Région. Dans le cadre des Plans d’Aménagement, notre suggestion est qu'un avis soit demandé obligatoirement à Bruxelles Environnement sur le volet agriculture urbaine, en coordination avec notre service. On pourrait aussi imaginer qu’un jour, chaque permis de construire doive inclure de l’agriculture urbaine ! »
« Pour n’en citer que quelques-uns… On a suivi une commune qui avait un espace en cave. Nous sommes allés voir le potentiel de cet espace, sa taille, ses caractéristiques techniques en termes d'aération, les besoins d’aménagement et ce que l’on pourrait y cultiver. Nous avons recommandé la possibilité de produire des micros pousses, des chicons ou des champignons. Ensuite, nous avons aidé à élaborer le cahier des charges pour choisir un architecte. Et nous pouvons également suivre la réalisation du projet.
Dans le cadre du contrat de Quartier Durable « Maelbeek », un partenariat a été mis en place avec les communes d’Ixelles, d’Etterbeek et l’ULB (Université Libre de Bruxelles) pour développer un potager urbain sur la toiture du magasin Colruyt. Cette toiture-potager fonctionne comme un laboratoire avec des formations professionnelles et des visites guidées sur des thèmes comme l’agriculture urbaine, les toits végétalisés et l’hydroculture.
Plus récemment en 2023, le CPAS de Bruxelles Ville a mis en place un projet de réinsertion professionnelle en maraîchage sur un terrain qui leur appartient à Uccle.
Il y a un an ou deux, la commune d'Ixelles a souhaité produire ses propres légumes pour alimenter les écoles et les crèches.
Bien entendu, il y a des entreprises ou administrations locales qui créent des projets sans passer par nous. En tout cas, dans le cadre des contrats de Quartier Durable, beaucoup de communes nous ont consultés. »
« Nous disposons quand même d’un service disponible pour les producteurs et productrices quand les autres acteurs – et notamment le Guichet d’Économie Locale en agriculture urbaine (GEL) - n'ont pu répondre à leurs questions. Par exemple, des questions techniques très poussées ou des questions réglementaires, juridiques, urbanistiques. On a eu le cas d’un porteur de projet qui voulait produire des lentilles d'eau. Il se demandait où installer sa production, à l'extérieur dans un étang, ou à l'intérieur, dans un bassin couvert ? S’il cultive à l'intérieur, il doit mettre de l'éclairage. Mais quelles sont les conditions techniques et le coût par an ? Dans ce cas, c’est GreenSurf, notre partenaire technique agricole, qui s’est occupé du calcul. Un autre exemple, la Ferme du Chant des Cailles à Watermael-Boitsfort, une des plus anciennes exploitations en ville. La ferme se trouvait confrontée à des problèmes de renouvellement de permis et des plaintes de voisinage. Dans ce cas, ce sont nos partenaires juridiques qui interviennent en apportant une aide dans l’analyse des permis. Parfois, nous participons à des réunions de concertation entre la commune et les riverains, riveraines. »