L’Arc Majeur sur la E411, œuvre d’art mais surtout prouesse technique

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Plusieurs médias ont relaté ces derniers jours le début de l’installation, de part et d’autre de l’autoroute E411, de l’Arc Majeur, une gigantesque sculpture métallique conçue par Bernar Venet. Le chantier d’assemblage des quatre tronçons se déroulera en différentes phases jusqu’en septembre. Coup d’œil sur ce qui s’apparente à une véritable prouesse technique.

 

Il en a fallu de la patience, à Bernar Venet, depuis 1984, date à laquelle il a imaginé le premier croquis de son œuvre d’art à la demande de Jack Lang, ministre français de la culture de l’époque ! Etudié une première fois pour l’autoroute du Soleil, puis une seconde pour l’Est de la France, le projet est finalement abandonné. L’Arc Majeur reste alors dans les tiroirs et les mémoires et n’en ressortira qu’une trentaine d’années plus tard, grâce à la Fondation John Cockerill.

Une œuvre en acier Corten fabriquée en Belgique

Sculpture monumentale représentant un arc de 205,5°, l’œuvre de Venet est en acier Corten et a été fabriquée au Centre d’Expertise Soudage (CES) du groupe Cockerill à Seraing, en collaboration avec le bureau d’études Greisch, l’entreprise de génie civil Eloy, Aertssen (levage), le WindLab de l’Université de Liège, le bureau v2i Monitoring et GERB. Il y a quelques années, le CES s’était déjà ‘fait la main’ en réalisant pour Bernar Venet un autre arc d’acier, de 38 m de haut celui-là, installé à Séoul. « Pour réaliser l’Arc Majeur, nous avons dû repenser le Centre, investir dans du matériel, travailler avec l’atelier pour établir les procédés techniques, rechercher et suivre les sous-traitants », explique Luka Vanhaeren, technicien responsable du développement soudage chez John Cockerill. « C’est comme un orchestre dont il a fallu accorder avec précision tous les instruments. »

A projet exceptionnel, chiffres exceptionnels

Le budget global du projet frise les 2 500 000 € ! Un montant colossal, dans la lignée des autres chiffres concernant l’Arc, plus grande sculpture en métal au monde : 60 m de haut, 75 m de portée, 2,25 m de section de côté, 200 tonnes d’acier et 1000 m3 de béton mis en œuvre… Une œuvre exceptionnelle, comme le confirme Marie La, ingénieur civil architecte, cheffe de projet de l’Arc Majeur : « L’Arc Majeur est à la fois un projet très technique et profondément humain. De mois en mois, les équipes se sont mobilisées, chacun sortant de ses habitudes pour réaliser une œuvre d’art. Ce fut une expérience très enrichissante, faite de belles rencontres et de nombreux défis, avec un kaléidoscope d’intervenants et d’expertises à rassembler. Un projet que l’on ne fait sans doute qu’une seule fois dans sa vie ! »

Une véritable prouesse technique

Au-delà de l’œuvre d’art, l’Arc Majeur est une véritable prouesse technique. Le grand arc (60 m) est composé de 3 caissons cintrés de 20 m de long ; le petit (20 m) est fait d’un seul caisson de 20 m de long. Les deux ont une section de côté de 2,25 m. Les caissons du grand arc seront amenés sur place, levés, puis assemblés et soudés. Pour fabriquer cette sculpture en acier aux dimensions et à la géométrie particulière, qui a nécessité une grue de 750 tonnes pour son levage, le CES a utilisé des chariots de soudage en procédé semi-automatique. Pascal Godelet, monteur depuis 30 ans chez John Cockerill : « L’Arc Majeur m’a rappelé les grosses pièces de métallurgie que l’on fabriquait avant. Mais il a fallu être encore plus précis car les tôles devaient être parfaitement accostées, sans soudure visible. Et, vu le poids – le plus gros élément pèse 56 tonnes – la manipulation était très délicate. »

A chaque étape, les travaux ont été contrôlés par des spécialistes du groupe Vinçotte, à l’aide d’une technique avancé de contrôle non destructif, le Phased Array Ultrasonic Testing. D’autres sociétés et bureaux d’étude ont participé au développement de l’Arc Majeur : le WindLab de l’ULiège a testé la résistance et la tenue de l’œuvre face à diverses conditions atmosphériques, v2i a analysé les problèmes potentiels liés à la dynamique de la structure et la société allemande GERB a travaillé sur le contrôle des vibrations.

L’endroit choisi

Mais pourquoi avoir installé cette sculpture, sensée symboliser le passé sidérurgique wallon, à Lavaux-Sainte-Anne, en pleine province du Luxembourg  et non en région liégeoise ou carolo ? Tout simplement parce que son auteur souhaitait un espace dépourvu de lumières artificielles et donc de luminaires. Il l’a trouvé sur ce tronçon de 4 km de la E411. On suppose dès lors que le Plan Lumières 4.0 de la Sofico fera abstraction de ce tronçon lors de sa très prochaine mise en œuvre…

 

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