L'image ouvrant la page Facebook de cette petite commune d'Ille-et-Vilaine (France) donne le ton : Langouët se revendique commune "100% circulaire". Mais qu'est-ce qui a poussé les édiles municipaux et les 600 habitants de ce village, situé à une petite vingtaine de km de Rennes, à devenir un modèle cité en exemple dans l'Hexagone, mais également bien au-delà ?
L'investissement de cette commune dans l'écologie, le développement durable et l'économie circulaire date d'il y a 20 ans, lors de l'arrivée d'un nouveau maire à la tête de Langouët. Depuis, d'autres villages et villes bretons lui ont embrayé le pas. Le maire, Daniel Cueff, explique : "Nous étions trois communes, en 2005, qui nous entraidions sur les questions de développement durable. Le réseau est aujourd’hui composé de 163 communes, réparties sur les cinq départements de la Bretagne historique. Ce réseau commence à peser sur les décisions en Bretagne concernant les questions environnementales."
Une quinzaine de logements sociaux passifs
Comme l'a expliqué l'an dernier Daniel Cueff aux journalistes du Figaro, la commune s’est rapidement engagée dans la construction de logements sociaux durables. Elle compte deux hameaux d'une quinzaine de maisons en bois peu énergivores et dotées de panneaux solaires, construits en 2005 et 2011. « Notre objectif est de faire de l’écologie sociale. La commune achète des terres qu’elle viabilise et revend à bas prix, afin que le logement construit de manière durable reste à un prix abordable ». Chaque propriétaire a dû travailler 30 jours sur le chantier, encadré par les Compagnons Bâtisseurs. « Un bon moyen de connaître nos maisons et nos voisins beaucoup plus rapidement, mais également de réduire le coût du logement », précise Sébastien Longechaud, un des propriétaires. La facture énergétique de ces maisons est en effet relativement faible, de l’ordre de 200 € par an pour un logement de 80 m2.
De nouvelles maisons 'triple zéro'
La commune veut aller encore plus loin avec la construction d’un nouveau hameau de maisons « triple zéro » : zéro énergie, zéro carbone & zéro déchet. Conçu par un laboratoire de recherche sur base d'un travail de réflexion réunissant des architectes et des ingénieurs aéronautiques, un premier prototype baptisé BioClim House est sorti de terre au printemps et trône sur un vaste terrain à l’entrée du bourg. Cette maison d'un nouveau type, construite avec des matériaux durables et autonome en énergie, sera dotée sur son toit d’une serre pour cultiver un potager en permaculture ou produire de l’énergie. La commune qui rêve d’indépendance alimentaire pourra ainsi bientôt compter sur des « maisons-potagers », en plus du magasin de ventes directes à la ferme des producteurs de poulets bio.
Un engouement local et au-delà
Langouët, ses édiles et ses habitants continuent de fourmiller de projets : « Nous visons l’autonomie énergétique d’ici 10 ans, grâce aux panneaux et aux trackers solaires, ces structures pivotantes permettant d’orienter les panneaux vers le soleil pour optimiser leur productivité", conclut Daniel Cueff qui, chaque année, reçoit plus de 300 demandes d'installation dans sa commune. Malheureusement, peu d'entre elles sont acceptées. Car les terres urbanisables se font rares dans ce village, bientôt autonome sur le plan énergétique et qui espère désormais atteindre l’indépendance alimentaire.