Le « Belgian BIM handbook » : un guide de bonnes pratiques

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Le Belgian BIM handbook, élaboré durant la période 2014-2015 par le groupe de travail BIM de l’ADEB-VBA, a été présenté en octobre 2015 lors du BIM Launch Event à Bruxelles. Ce document s’organise en deux parties, présentant tout d’abord des règles générales puis une proposition de protocole générique. François Denis, chercheur au département BATir de l’ULB-VUB, a participé à son élaboration et nous donne quelques explications.

Le BIM handbook a été élaboré afin de pallier les problèmes d’échange de documents numériques et de définir des règles de collaboration dans un contexte de segmentation de l’industrie et d’absence de normes et de règles concernant le BIM. François Denis : « Dans d'autres pays, dont notamment l'Angleterre et la Finlande, l'initiative est venue du gouvernement qui a décidé d'imposer le BIM comme moyen de réduire les coûts et d'augmenter la qualité des bâtiments (notamment dans le cadre des marchés publics). En Belgique, au contraire, le phénomène ne vient pas du gouvernement mais bien de l'industrie, qui a donc fait connaître ses conclusions. Le but du document était entre autres de montrer aux donneurs d'ordres que le processus BIM avait une forte plus value à offrir et ce pour tous les acteurs de l'industrie de la construction, depuis le propriétaire du bien jusqu'au facility manager ».

 

Élaboration du guide

« Suite à la première directive-cadre de coopération avec le BIM réalisée par l'ORI en 2013, les entrepreneurs (via l’ADEB-VBA) ont créé un document qui reprenait toutes leurs attentes concernant le BIM et notamment ce qui selon eux manquait dans la directive-cadre. En octobre 2014, le réel travail du BIM handbook a débuté avec tous les intervenants que l'on connaît aujourd'hui (l’ADEB-VBA, association belge des entrepreneurs de grands travaux, l’ORI, association professionnelle des bureaux d’ingénierie et de consultance, le G30, association des grands bureaux d’architecture belges et SECO, bureau de contrôle). D’un point de vue méthodologique, les problématiques étaient relevées suite à un débat avec les différents intervenants ; des recherches dans la littérature internationale étaient ensuite effectuées afin de trouver une solution théorique ; cette proposition était alors envoyée à tous les intervenants avant chaque réunion puis présentée plus en détail et débattue au sein du groupe de travail ; des contre-propositions ou des modifications étaient validées, d'autre problèmes étaient soulevés et la boucle recommençait. »

 

Contenu

Le BIM-handbook fournit des règles générales, spécifiques et de bonne pratique, en réponse à des problèmes qui ont été identifiés. Il est organisé en deux parties : General Requirements et Generic Protocol. François Denis : « La première partie donne des règles générales qui s'appliquent tout au long d'un projet BIM alors que la seconde partie se base sur la process map et les différentes phases du processus constructif pour développer une sorte de protocole BIM générique, c'est à dire pouvant servir de base à l'élaboration d'un vrai protocole BIM adapté à un projet particulier. Des encadrés gris définissent, pour chaque phase, une liste de tâches à accomplir par la personne en charge du BIM. Les annexes sont des fiches pratiques à remplir par la personne en charge de la coordination BIM. La process map n'est rien d'autre qu'un plan schématique du processus classique dans lequel les grandes étapes sont représentées et numérotées. Elle peut servir de base à l'élaboration d'une process map plus détaillée et surtout adaptée à un projet en particulier. »

Le guide fournit l’information permettant aux gestionnaires de processus BIM de définir qui doit modéliser quoi, les délais, les standards d’échange, le niveau de détail, les guidelines concernant les procédures d’échange, afin d’éviter erreurs et pertes d’informations. François Denis : « La liste des règles n'est probablement pas exhaustive et demande à être complétée - notamment sur base de commentaires pouvant être envoyés à l'ADEB via l’email en deuxième de couverture. Certaines de ces règles semblent d'ailleurs évidentes à ceux qui utilisent et partagent déjà des documents de manière digitale. Ces règles sont en quelque sorte le retour d'expérience sur les erreurs à ne pas commettre. Elles ont été écrites sur base de l'expérience pratique des intervenants mais également sur base de la littérature internationale. Le BIM handbook, par définition, ne se veut pas totalement exhaustif - le but était de faire un document relativement compact - mais veut fournir les informations essentielles nécessaires à l'élaboration d'un projet BIM. »

 

Application pratique

Le document n’impose pas de règles mais donne des clés permettant de mieux travailler ensemble. François Denis : « Le principe des LOD’s (Levels Of Development), quand il s’accompagne d'un document clair expliquant les attentes pour chaque type d'élément, semble être un système efficace et déjà utilisé par de nombreux intervenants. Il reste nécessaire 1) de définir les objectifs du BIM, 2) de définir les besoins en matière d'information, 3) de planifier les échéances pour que les bonnes informations soient disponibles au bon moment. »

Avec le BIM, de nouveaux rôles doivent être définis. « Ici on parle bien de nouveaux rôles et non pas de nouvelles personnes. Pour chaque discipline où une personne est nommée responsable d'un aspect du bâtiment, il doit y avoir une personne responsable de sa coordination et de son implémentation BIM. Durant la phase de construction, c'est l'entrepreneur qui prend le lead du modèle. C'est d'ailleurs un point critique en matière d'échanges d'informations et surtout une question clé liée à la responsabilité de l'architecte. »

 

La recherche et le BIM

François Denis poursuit ses recherches sur l’apport des outils numériques dans le domaine de la conception au sein de l’équipe de recherche du laboratoire TRANSFORM de l'ae-lab de la VUB. Les objectifs de cette équipe visent à faciliter la recherche et la collecte d'expertise sur l'évaluation et la conception des matériaux, des composants et des structures qui anticipent le changement et le temps grâce à l'ingénierie architecturale. Le BIM est pour eux une opportunité car il permet non seulement d'optimiser le processus constructif tel qu'il est aujourd'hui mais aussi de prendre en compte d'autres approches telles que le développement durable en facilitant les simulations et les analyses et donc en permettant au concepteur de se focaliser sur la conception et la prise de décision.

Source François Denis

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