Le Mazerin, immeuble de bureaux rénové en mode cradle to cradle (Synergy International)
En septembre 2013, l’IBW (Intercommunale du Brabant wallon) et le Groupe BIA rachetaient ensemble un bâtiment de bureaux situé à Genval. Le bureau d’architecture SYNERGY International et le Département Rénovation du Groupe THOMAS & PIRON ont relevé le défi d'une rénovation complète du bâtiment suivant les principes du "cradle to cradle". Derbigum a même été amené à créer une nouvelle solution pour l'isolation par l'intérieur du bâtiment. Autant d'éléments qui font de ce projet une grande première. La fin des travaux est prévue au premier trimestre 2015.
Ce 15 octobre 2014, les deux propriétaires du bâtiment organisaient pour la presse une visite de chantier en compagnie des architectes et de l'entrepreneur. L'occasion d'en savoir plus sur ce qui est présenté comme une première mondiale.
Cette copropriété mixte public-privé avait pour objectif de transformer le rez-de-chaussée et le 1er étage de ce bâtiment (2 x 1.000 m²) en centre d’entreprises pour l’IBW et, le reste, en bureaux pour les activités internationales du Groupe BIA. Il s’agissait d’un bâtiment comme il y en a énormément en Europe : construit dans les années 90, énergivore et au look dépassé. Il avait besoin d’être remis au niveau des standards actuels. L’IBW et le Groupe BIA ont décidé d’opter pour une rénovation novatrice inspirée par la démarche « cradle to cradle ». Cette certification est déjà fortement présente pour les processus industriels. Dans ce cas-ci, il s’agit de la première transposition de cette démarche à la rénovation complète d’un bâtiment. L’architecte Steven Beckers, qui a encadré le processus, parle « d’économie circulaire à impact positif ». Et de comparer le bâtiment à un arbre, qui ne produit aucun déchet. Il ne s'agit pas seulement de limiter son impact négatif sur l'environnement, mais d'augmenter son impact positif. Le cradle to cradle peut d'ailleurs être considéré comme un modèle économique, puisque les matériaux ont une valeur en fin de vie du bâtiment.
Le bureau d’architecture SYNERGY International (qui s’est spécialisé dans les techniques liées au développement durable et aux « technologies vertes ») et le Département Rénovation du Groupe Thomas & Piron ont relevé le défi comme ils l’avaient déjà fait en réalisant les premiers bâtiments de bureaux passifs à Marche-en-Famenne. Après huit mois, le chantier confirme ses ambitions. Cette solution est novatrice, économique (800 euros/m2), durable et rapide.
Rien ne se perd, et on a tout à y gagner
Plutôt que de démolir, le choix a été fait de démonter et de garder tout ce qui pouvait l'être. C'est ainsi que l'enveloppe extérieure a été conservée (les interventions de l'architecte se limitant en deux bow windows illustrant les deux niveaux d'occupation par des propriétaires différents), de même que les châssis en aluminium, étanches à l'eau mais thermiquement peu performants. On a isolé par l'intérieur, créant un caisson dans l'enveloppe existante et doublant les châssis avec d'autres en bois double vitrage. Tous les matériaux, du revêtement de sol aux boîtiers électriques ont été réutilisés ou recyclés. Quant aux matériaux neufs, ils ont été sélectionnés sur base de leur certification cradle to cradle (certifiés ou certifiables).
Isolation végétale made by Derbigum
Ce projet a également permis le développement d’un nouveau matériau. Derbigum a mis en œuvre un complexe d’isolation et de pare-vapeur posé côté intérieur de la façade, totalement « cradle to cradle ». Il se compose d’un isolant en liège, épais de 10 cm, et d’un pare-vapeur végétal, en fait une version légèrement modifiée de la membrane Derbipure, le tout amenant le bâtiment au niveau de performance du standard passif. Francis Blake, Administrateur du Groupe Derbigum : "Ce projet nous a forcés à quitter notre zone de confort, qui est horizontale (les toitures). Pour la première fois, nous avons utilisé la membrane végétale Derbipure en pose verticale, à l'intérieur du bâtiment. Combinée à un panneau fait de déchets de bouchons de liège broyés puis chauffés, nous avons obtenu un matériau d'isolation 100% naturel, qui résiste à l'eau, insensible aux variations de température et très résistant. Ce projet-test nous ouvre sans doute un nouveau créneau."
Confort et qualité de vie
Tout concourt à rendre agréable le travail des occupants de l'immeuble de bureaux : sa situation dans un quartier arboré entre deux gares, la qualité de l'air ambiant (Saviez-vous que l'air dans un bâtiment normal est 8 fois plus pollué que l'air extérieur ?) grâce notamment à la moquette purificatrice AirMaster de Desso, un éclairage artificiel agissant comme une luminothérapie, .... on envie déjà les employés de Bia et du Centre d'entreprises de l'IBW ! Quant au besoins énergétiques du bâtiment, on passe d'un Espec d'environ 255 kWh/m2.an à environ 66 kWh/m2.an et même peut-être mieux, ce qui permettrait d'atteindre la norme passive. Il faudra pour cela attendre les résultats du blower door test.