Le passif en Belgique : rétrospective et perspectives

C’est sous ce titre que la PMP et son homologue flamand PIXII ont organisé ensemble un webinaire auquel ont participé plus de 130 personnes. Certes, faute d’incitants financiers, la construction de maisons passives semble actuellement presque à l'arrêt en Belgique après une période de forte croissance. Mais les principes de la construction passive restent à l’origine de l’évolution rapide des différentes réglementations (PEB, BEN, Q-Zen, ..) dans les trois régions du pays. L’occasion de procéder à un petit comparatif et d'évoquer les défis à venir.

 

Depuis le 1er janvier de cette année, c’est la norme Q-Zen qui prévaut pour toute construction neuve en Wallonie. Le niveau K inférieur ou égal à 35 qu’elle requiert est jugé à la fois trop peu pertinent (car limité aux performances thermiques de l’enveloppe) et trop peu ambitieux. Pour l’exercice, la PMP lui oppose un K de 20 qu’elle appelle Q-Zen sobre, et constate alors que seuls 23% des projets Q-Zen mis en avant par la Région Wallonne ont une approche sobre en énergie. De plus, la PMP pointe l’absence de tout critère sur le besoin net de chauffage (BNE). Alors que le Q-ZEN permet de compenser un manque de sobriété énergétique du bâtiment avec de l’énergie renouvelable, la PMP recommande de travailler avant tout sur l’enveloppe du bâtiment. L’énergie la moins coûteuse est en effet celle que l’on ne consomme pas…

En Flandre, le niveau E a été progressivement rendu plus contraignant et le niveau K a été abandonné au profit d’un critère d’évaluation plus globale de l’enveloppe, le niveau S. Actuellement de maximum S31, il passera à maximum S28 dès 2022. Ce qui ne sera pas facile à atteindre pour les habitations isolées et certainement les plus grandes.

Ayant imposé le standard passif dès 2015, Bruxelles est évidemment en avance sur les deux autres régions pour ce qui est de la construction neuve.

Les principes du passif que sont une isolation performante, une étanchéité à l’air rigoureuse, des apports solaires contrôlés, une ventilation double flux, des systèmes de chauffage et d’ECS performants et le recours aux sources d’énergie renouvelable se retrouvent donc plus ou moins bien répercutés dans les différentes réglementations en vigueur, même si les valeurs seuils à atteindre restent souvent moins contraignantes que pour le passif.. Une comparaison entre les régions n’est pas chose simple, la régionalisation des compétences en matière d’énergie ayant mené à une grande variété de critères et d’exigences…. On constate simplement qu’en construction neuve, les exigences sur l’enveloppe sont plus strictes à Bruxelles et en Flandre qu’en Wallonie. La Région Wallonne est clairement en retard même si l’avancée des exigences réglementaires depuis 12 ans y est spectaculaire.

 

Les enjeux de la rénovation

En rénovation par contre, la Wallonie met le paquet. Il faut dire que le défi est colossal, avec un bâti résidentiel unifamilial à ce point obsolète. 83 % des logements wallons sont des maisons unifamiliales dont 80% datent d’avant 1991. On compte 32% de maisons 4 façades et seulement 17% d’immeubles à appartements. Les outils proposés pour inciter à la rénovation sont nombreux ; Certification des bâtiments en cas de vente ou de mise en location, Quickscan, procédure d’audit des logements, primes Walloreno et prêt à 0%, …

A Bruxelles, la typologie du bâti résidentiel est très différente. Seuls 3% des habitations sont des maisons 4 façades, alors qu’on compte 55% d’appartements. En outre, 61% des logements sont occupés par des locataires. Et 91% du parc résidentiel date d’avant 1970 ! Curieusement, il n’existe pas encore d’obligation globale de rénover, et l’outil de base reste actuellement la PEB, mais cela va changer car le gouvernement bruxellois vient d’annoncer sa stratégie de rénovation, appelée RENOLUTION (qu’il faut prononcer à l’anglaise !). Une véritable révolution donc. Que certains qualifient de « bombe à retardement » au vu de l’incapacité de nombreux propriétaires à financer les travaux de rénovation qui leur seraient imposés.

Le parc résidentiel flamand compte près de 28% de maisons 4 façades et 27% d’immeubles à appartements. La Flandre est quant à elle passée à la vitesse supérieure en annonçant son plan ReNUveer, basé notamment sur un regroupement des stimulants pour inciter la population à rénover. Elle ne travaille depuis 2019 plus comme la Wallonie avec des auditeurs énergétiques qui se rendent sur place, mais mise tout sur les outils numériques (calculateur PEC, carte d’ensoleillement, …)

En fonction des caractéristiques de son bâti, chaque région est confrontée à un rythme de rénovation nécessaire pour atteindre les objectifs en 2050 (voir illustration).

En dehors des chiffres, certains enjeux majeurs de la rénovation sont communs aux trois régions : freins psychologiques (le maître d’ouvrage ne décidant pas de manière purement rationnelle), capacité du secteur à faire face à la demande (cette capacité devrait… doubler) et précarité énergétique (50% des ménages en précarité mesurée sont des locataires).

 

Au-delà du passif

PIXII et PMP voient poindre différents défis, comme la problématique des métaux rares dans les énergies renouvelables ou encore l’application des principes de l’économie circulaire à la construction, pour laquelle la Région bruxelloise est prête à montrer la voie comme elle l’a fait par le passé pour le standard passif. On passerait ainsi d’une sensibilisation (actuellement) à une application sur base volontaire à partir de 2025 pour passer à une obligation réglementaire dès 2030 pour les bâtiments publics, s’étendant à l’ensemble des bâtiments vers 2040. Le programme de formation et d’accompagnement Build Circular.brussels a été lancé pour permettre aux entreprises de se préparer à cette autre révolution.

 

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