En ce début d’année 2016, la ville de Luxembourg a vu la livraison d’un immeuble remarquable par plusieurs aspects. Situé au numéro 1 de la route d’Esch, ce projet de 3000 mètres carrés de surfaces de bureaux fut initié par le développeur immobilier Ikogest et conçu par Moreno Architecture. Sa construction débuta en 2014 et, fin 2015, la totalité du bâtiment était déjà visible, révélant une silhouette caractéristique, composée de douze boîtes verrières superposées en quinconce. One on One est de plus pré-certifié BREEAM Excellent.
Un site en vue mais contraignant pour la construction
La situation au numéro 1 de la rue d’Esch, au coin de la rue des Jardiniers (qui donna initialement le nom au projet) procure à l’immeuble une visibilité exceptionnelle au cœur du quartier d’affaires. Implanté le long de l’un des axes principaux menant au centre de la capitale luxembourgeoise, il bénéficie également d’un accès aisé au réseau autoroutier.
Ce qui fut jadis un restaurant fait donc place à un bâtiment phare pour cette partie de la ville. L’exiguïté du site en triangle a été exploitée au maximum pour y loger 6 niveaux hors-sol et 3 niveaux en sous-sol.
Alors que l’architecte Stefano Moreno n’est pas peu fier d’avoir réussi à loger un parking de 26 places sous le bâtiment malgré la taille de la parcelle, l’ingénieur Walter De Toffol (InCA ) commente les contraintes qu’a imposé la configuration du site pour la construction : « La construction du bâtiment ne s’est pas faite traditionnellement niveau par niveau, mais en pleine hauteur directement, le tout venant se rejoindre à la pointe. La structure métallique était en effet tellement fine, qu’amener chaque étage successivement sur le site par camion, puis faire une dalle, puis véhiculer un nouvel étage, et ainsi de suite… aurait été trop lourd logistiquement parlant. On avait tout intérêt à rationaliser et à faire la structure portante en une fois, puis de venir par après mettre les dalles. »
Une identité forte
Dès la phase de conception, une seconde explication a vu le jour pour le nom du projet : l’immeuble, avec ses caissons empilés en quinconce, fait penser à un jeu de construction. Stefano Moreno : « Cet empilement de volumes semble simple mais il est en réalité compliqué de gérer les continuités structurelles d’un étage à l’autre. Le noyau central en béton armé, abritant escaliers et ascenseurs, est le seul élément assurant une continuité entre les 3 niveaux en sous-sol, réalisés en béton, et le hors-sol, métallique. »
Les demi-ailes de plateaux de bureaux ont été voulues les plus homogènes possible, suivant une modulation de la trame de 1,25 m. La structure épouse la façade : on ne trouve donc pas de poteaux venant empiéter sur la surface aménageable. La façade de verre et d’inox déborde d’un étage à l’autre, chaque étage faisant 2,60 m de hauteur libre (2,90 m au rez-de-chaussée), tandis que l’économie de linteaux laisse entrer un maximum de lumière naturelle. En résultent des espaces de bureaux ultra-flexibles et agréables à vivre. Pour éviter la délicate rencontre des façades à la pointe du bâtiment, des terrasses y ont été prévues. Une seconde peau vitrée pincée fait office de protection solaire. Des stores intérieurs sont également présents.
L’acier comme matériau optimal
Si le béton armé est le matériau le mieux adapté pour le sous-sol, la dalle de répartition du rez et les noyaux centraux, le choix d’une construction métallique s’est rapidement imposé pour les niveaux hors-sol vu la légèreté de l’architecture. Les piliers en profilés HEA et HEB suivent les mouvements de la façade. Les dalles des étages sont collaborantes, en béton de 12 cm sur coffrage en tôles trapézoïdales (COFRASTRA 40, épaisseur 0.75 mm de Arcelor Mittal) avec des poutres mixtes en profilés HEA et IPE. La structure en acier a fait l’objet d’une analyse de sécurité sous feu naturel.
Traduit en chiffres, One on One représente 260 tonnes d’acier nuance S 355, 2800 mètres carrés de coffrage métallique collaborant, 33 différentes sections de profilés laminés en IPE, HEA, HEB, HEM et U de 100 à 500 mm de hauteur, pour une longueur totale d’environ 6 kilomètres et 90 assemblages différents calculés.
Dès le début, la structure métallique a été dimensionnée dans son ensemble, modélisée en InfoCAD dans une 3D globale. La pointe du bâtiment a constitué clairement la partie la plus compliquée du projet ; elle a été vérifiée, contrôlée, mesurée.
Et Walter De Toffol de conclure, en amoureux des structures métalliques : « Les exigences de l’acoustique ont malheureusement masqué la beauté des profilés visibles. » Elles n’enlèvent rien à la majesté de la façade.
Cet article est paru précédemment dans le magazine Infosteel.