Pour des bâtiments scolaires durables : Pierre Somers (Trait architects), dernière partie

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À l’occasion de la rentrée scolaire, Architectura a rencontré l’architecte Pierre Somers, administrateur de Trait architects, l’un des bureaux ayant le plus de bâtiments scolaires à son actif en Wallonie et à Bruxelles. Après nous avoir expliqué que la norme passive s'appliquait très bien aux écoles, il nous parlait la semaine dernière notamment de l'acoustique et du confort thermique. Dans ce dernier épisode, il aborde les matériaux, la question du bon usage du bâtiment et la liberté de l'architecte dans de telles missions.

Matériaux et matériels adaptés

Tout maître d’ouvrage ou gestionnaire de bâtiments scolaires rêve de matériaux ne nécessitant aucun entretien. Même s’il existe des matériaux plus résistants que d’autres, c’est une utopie. Tags sur les murs, gouttière qui se décroche suite à la neige, … il y a toujours un minimum d’entretien… qui n’est pas toujours prévu.

 «  Le matériel des prisons est testé dans les écoles », entend-on parfois dire en boutade. Ce qui souffre le plus, ce sont les portes et les équipements sanitaires. Le bloc béton non enduit, non peint est idéal : pas cher, quasiment pas d’entretien, bien maîtrisé par tous les entrepreneurs et bon absorbant acoustique. Mais il ne convient pas forcément partout. Par exemple, dans le cas de cloisons intérieures légères, pour lesquelles on préférera des doubles plaques de plâtre.

 

Apprendre à utiliser le bâtiment

Il ne suffit pas d’être performant énergétiquement, il faut aussi l’être dans la manipulation adéquate des installations. Il faut un pilote, il faut apprendre à utiliser les techniques, aussi simples soient elles. Et c’est souvent là que le bât blesse quand il s’agit d’écoles.

Il en va de même pour l’utilisation des locaux telle que prévue au départ. Le maître d’ouvrage et l’architecte imaginent des locaux flexibles, transformables pour être polyvalents. Au quotidien, ce n’est pas si évident. Les grands murs mobiles s’avèrent peu utilisés ou mal utilisés car le personnel averti manque.  Pourtant, la polyvalence des lieux a tout son intérêt, surtout dans les petites écoles : demi-classes, réfectoire, … configurations multiples qui nécessitent une manipulation.

 

La pédagogie évolue, le bâtiment reste

A la question de savoir si l’architecte doit se plonger dans le projet pédagogique, Pierre Somers répond en faisant parler son expérience : «  Il faut pouvoir dépasser cela. Le bâtiment reste, la pédagogie peut changer. Par contre, il faut que ce que l’on propose rencontre l’intérêt des utilisateurs. Mieux vaut que les bâtiments scolaires soient le plus polyvalent possible que de s’adapter à une pédagogie en vigueur au moment de la conception. Et puis, il y a la pégagogie et ce que les enseignants en font. Certains aiment avoir des classes communicantes, avec une double porte entre chacune des classes par exemple. D’autres préconisent un vitrage à côté de la porte d’entrée de la classe, dans un but à la fois d’ouverture et de contrôle social. Dès le deuxième jour, certains se seront empressés d’y placer des posters… pour se refermer sur son espace »

 

Faut-il un bouwmeester scolaire ?

« La Communauté française (Service général des infrastructures publiques ou privées subventionnées) peut formuler des remarques sur un projet de construction ou rénovation d’une école, même si, par manque de temps, elle se limite la plupart du temps à vérifier les normes financières et physiques. Il y a malgré tout une intervention volontariste de la part de la Communauté française, sans qu’elle soit codifiée. Il n’existe pas de ‘Vademecum de la bonne école’ et c’est très bien ainsi parce que chaque projet est particulier. Mais concernant la performance energétique, la Communauté française a publié une plaquette d’information, qui explique les tenants et aboutissants de la norme passive dans le cas des écoles. »

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