Pour des bâtiments scolaires durables : Pierre Somers (Trait architects), première partie

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À l’occasion de la rentrée scolaire, Architectura a rencontré l’architecte Pierre Somers, administrateur de Trait architects, l’un des bureaux ayant le plus de bâtiments scolaires à son actif en Wallonie et à Bruxelles. Figure de proue de la construction scolaire passive, il relate son expérience sur base des projets réalisés ces dernières années ou toujours en cours. Nous vous proposons cette semaine la première partie de l'interview.

Tous les chemins mènent au passif

Institut Marie Immaculée Montjoie à Anderlecht, Collègue du Biéreau à Louvain-la-Neuve, école communale de Fexhe-le-Haut-Clocher,… autant de situations de départ fort différentes avec, au final, un projet passif. Une construction passive ne figure en effet pas forcément dans le cahier des charges, il peut s’agir d’une demande ultérieure, en réponse ou non à une argumentation de l’architecte. Selon les cas, le ou les interlocuteurs de l’architecte seront différents : pouvoir organisateur, direction, … et la démarche sera plus ou moins participative. Il vaut toujours mieux impliquer les enseignants, ne serait-ce qu’en les interrogeant sur leurs attentes. Mais il faut pouvoir élargir et rétrécir le cercle pour prendre les informations, décider, relayer, .. Il faut éviter de diluer toutes les décisions.

Ainsi, dans le cas de l’IMMI à Anderlecht, la demande initiale concernait une école basse énergie, mais l’architecte avait déjà prévu dans son offre une grosse partie des postes à modifier pour atteindre le passif. Chiffres à la clé, notamment en matière d’économies énergétiques sur le long terme, le maître d’ouvrage s’est montré preneur, malgré le surcoût initial.

Dans le cas du Collège du Biéreau, école libre suventionnée également, la notion de durabilité avait une connotation particulière.  Construite à la hâte lors de la naissance de Louvain-la-Neuve, l’école qu’il fallait remplacer venait tout juste d’être remboursée… qu’il fallait la démolir. (Les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles sont remboursées par les pouvoirs organisateurs sur une durée de 30 ans avec des annuités variables). Choisir la norme passive n’était donc pas innocent pour cette école fondamentale dont le slogan est « une école passive pour des enfants actifs ».

A Fexhe (enseignement communal), le projet a démarré en 2002, avec notamment une consultation des enseignants. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et les interlocuteurs (bourgmestre, échevin, …) ont changé. Le projet a été revu, l’administration communale ayant reformulé sa demande pour faire une école passive, en ossature bois, avec du bois d’essences locales en bardage.

Preuve de la spécialisation de Trait architects, les bâtiments passifs représentent 90% de l’ensemble des projets réalisés par ce bureau installé à Uccle.

 

La norme passive est-elle adaptée aux écoles ?

Au départ prévue pour les logements individuels, la norme Passivhaus peut très bien s’appliquer aux écoles, avec des particularités comme le taux d’occupation très bas de 22-23 % et les charges internes élevées. Outre l’aspect pédagogique – montrer l’exemple, faire vivre les choses aux enfants – et le plus indéniable apporté aux conditions de travail et d’apprentissage en terme de confort, certaines caractéristiques des écoles sont des atouts passifs  très favorables.

Ainsi, les écoles sont de grandes infrastructures, ce qui leur confère un rapport entre Surfaces de déperdition/Volume favorable. Le taux d’occupation est certes faible mais régulier (occupation continue entre 8h et 16h, avec un nombre constant d’élèves par classe) et dense (on compte 2 à 3 m2/élèves dans la classe). Ce profil d’occupation permet d’optimiser le bénéfice des apports internes (chaleur produite par les occupants).

La densité d’occupation nécessite un taux de renouvellement d’air élevé. La ventilation double flux avec récupération de chaleur y répond parfaitement tout en limitant les déperditions de chaleur qui y seraient liées.

Et, bien sûr, il y a l’argument économique : dans le meilleur des cas, un bon tiers des subsides de fonctionnement d’une école passe dans la facture énergétique. Quand l’hiver est rude, cela peut s’élever à la moitié, voire davantage. En atteignant le standard de la maison passive, le principal effet est de diviser par 10 les consommations énergétiques se rapportant au chauffage. Le retour sur investissement est bien sûr lié au coût de l’énergie, et chacun sait comment celui-ci évolue ces derniers temps.

 

(Lisez la suite de cette interview prochainement sur Architectura.be)

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