Projet nominé aux BBA 2020 : Camille Lemonnier (EDA-AU)
Dans un quartier résidentiel d’Ixelles, un immeuble de 1928 a été rénové et agrandi pour devenir une habitation unifamiliale plus généreuse en lumière et en qualité spatiale. Le maître d’ouvrage privé a confié la conception du projet, baptisé Camille Lemonnier, au bureau EDA-AU. Ce bureau est nominé pour ce projet dans la catégorie ‘3|2|1 Facade’ des Belgian Building Awards. Les lauréats des différentes catégories seront connus le 3 mars prochain, lors de Batibouw.
Confronté à une parcelle peu profonde et à la dominante minérale de la rue, l’architecte a imaginé une surélévation comportant une paroi vitrée grande hauteur en retrait de 70 cm par rapport à la façade, ainsi qu’une structure métallique servant de support à la végétation grimpante. Cette combinaison garantit, en plus de l’intimité, un contrôle de la surchauffe. Un puits de lumière transforme le cœur de l’espace de circulation, sombre à l’origine, en espace baigné de lumière à tous les étages. La façade arrière est traitée de façon plus conventionnelle, mais avec une révision complète des baies dans la partie existante et une très grande fenêtre au 4e étage, côté jardin. A l’échelle urbaine, le projet propose de densifier la ville, en rénovant une maison unifamiliale tout en évitant sa subdivision.
Trouver sa place dans le voisinage
Ce projet, dans un quartier résidentiel d’Ixelles, se situe dans un îlot présentant de généreux jardins. L’édifice est flanqué de deux grands immeubles de styles et de hauteurs éclectiques. « La logique de plan est typique d’une maison bruxelloise », explique-t-on chez EDA-AU. « Les structures porteuses et spatiales existantes présentent deux séquences fortes dans le sens de la profondeur. Par endroits, cette logique a été altérée par des transformations antérieures. Le projet reconstruit et réaffirme cette structure dans l’existant et dans l’extension supérieure. »
La façade avant d’origine ( 1928) a été conservée jusqu’à ses menuiseries. Mais elle s’est vue dotée, en surplomb, d’une nouvelle structure en acier et une grande paroi vitre lumineuse mettant en scène un large vide qui creuse l’alignement du bâti. La végétation grimpante sur une structure métallique offre un fragment de paysage différent depuis l’espace public.
L’importance de la lumière
« Un nouveau puits de lumière transforme le cœur de l’espace de circulation, sombre à l’origine, en baignant de lumière tous les étages (R0 à R+3). Autour de cette centralité verticale, des cloisons vitrées offrent une clarté supplémentaire dans le séjour et le vestibule. L’épais mur central est percé au maximum suivant les besoins et les possibilités, créant une porosité entre les lieux partagés. Ces derniers, pour les principaux, sont traversants au R0 (séjour et cuisine) et R+3 (espace polyvalent et bureau) afin d’agrandir l’espace et de prolonger la perception vers la rue et l’intérieur d’îlot. Les espaces de services et le mobilier sont flanqués contre les murs mitoyens pour appuyer cette intention. Dans le séjour du R0, une relation privilégiée est établie avec la cour, transformée en jardin contre le mur d’enceinte, et en une terrasse en creuset afin de libérer la vue de tout mobilier extérieur et d’offrir une vue sur les plantations en arrière-plan. »
Matériaux utilisés
« A l’intérieur, les matières et ouvrages d’époque ont été conservés et restaurés : l’escalier en bois à double quartier tournant, les planchers en bois, le granito du R0, les maçonneries. Telle de la marqueterie, les nouveaux matériaux sont incrustés dans l’existant. » Quant à la façade arrière, elle a été traitée de manière plus conventionnelle, mais avec une révision complète des baies dans la partie existante et une très grande fenêtre au R+4, côté jardin. « A l’extérieur, le vert dans l’âme, le fer comme trame, les éléments du projet s’articulent autour du vivant - plantations et petite faune associée - et de matériaux traditionnels tels que le verre, l’acier, la brique et l’enduit. Toutes les ferronneries sont des ouvrages non standard, sur mesure. Il en est de même pour les mobiliers dessinés et intégrés à l’architecture dans toutes les salles de bains, les séjours. »
Sous le niveau 0, une matérialité continue donne un aspect massif, haptique et chaleureux à un espace creux et a priori privé de lumière direct du soleil : une brique claire est utilisée de façon monolithique pour constituer le mur de cave, les seuils, le mobilier, les sols.