Quelles images animées pour l'architecture ?
Sans doute avais-je une idée restrictive de ce qui allait être présenté ce mardi à Tour & Taxis lors du Festival de la vidéo d'architecture, organisé par l'AriB. Toujours est-il que la dizaine d'intervenants qui se sont succédés ont brossé un éventail de l’architecture modélisée en réalité virtuelle, allant de la nécessaire structure narrative dans le clip court à la discordance entre le “temps” de la construction (extrêmement long) et la technologie galopante qui rend les outils très vite obsolètes. Un premier événement réussi donc, en attendant une suite annoncée pour le printemps 2017 avec l'enseignement comme angle d'approche.
La vidéo en architecture, pour quoi faire ?
Aujourd’hui, communiquer en architecture passe entre autres par la création d’images de synthèse. La mise en scène d’un bâtiment encore non construit demande du temps, un savoir-faire artisanal et une maîtrise des meilleurs logiciels. Que cela soit pour la présentation au public, aux habitants, aux pouvoirs publics, tout comme pour la communication aux investisseurs et constructeurs, les architectes et urbanistes font appel à la réalité virtuelle pour exposer leurs projets. Ensuite, pour faire l’analyse ou la promotion de l’environnement bâti, le medium vidéo, ou l’architecture animée, est indispensable.
Plusieurs intervenants se sont d'ailleurs attachés à montrer que l'image animée ne servait pas qu'à représenter l'architecture, mais avant tout et surtout de la conceptualiser, et donc d'aider à sa conception.
L'architecture, un art de l'immersion
L'intervention sans doute la plus interpellante fut celle de Luis Miguel Pinto Gonçalves, architecte cofondateur de Faidherbe&Pinto architects, qui mène actuellement une thèse de doctorat ayant pour thème : habiter l'architecture en immersion simulée. En un mot : comment recréer par synthèse numérique toutes formes d'expériences (visuelles, haptiques, ...) accessibles à notre conception, pour pouvoir arrêter de construire... « Dans l’avenir, il faudra sans doute moins construire que programmer des espaces permettant le séjour humain. » Science-fiction ? Pas selon Miguel Pinto, qui relève que les technologies sont déjà disponibles ou presque. Intervention suffisamment intéressante pour que nous lui consacrions un article séparé. A suivre donc.
Animer l'inanimé
Gaetan Beague, associate partner au bureau BuroII&Archi+I, pose la question du paradoxe entre architecture par essence immobile et film d'animation. S'agissant de l'utilisation dans un but de (re)présentation pour communiquer, différents intervenants ont insisté sur la nécessité de mettre de la vie dans les images animées, pour créer une émotion. Gaetan Beague le fait en mettant en scène des personnages dans l'espace, Xavier Vanabelle (Asymétrie) le fait par l'ajout d'éléments mobiles dans ses images de synthèse (comme un avion ou des oiseaux dans le ciel, des feuilles mortes qui volent) et en accordant beaucoup d'attention à la bande-son, souvent négligée (musique). Il est vrai que les clips présentés jusqu'alors étaient pour la plupart muets.
La pertinence des outils
Pour Philippe Samyn, avant-dernier intervenant, tout ces clips ne sont que "Spielerei". Ayant fait basculer son bureau en full Revit au début de cette année et convaincu de la pertinence des outils numériques pour aider à la conception, il est confronté à différents obstacles, dont le moindre n'est pas l'absence de standard BIM. Selon lui, il est inconcevable que l'un ou l'autre acteur de la construction tire la couverture à lui. Seul un organisme paritaire et neutre tel que SECO serait en mesure de produire un standard BIM utile au niveau européen. Il n'y aurait pas d'autre solution si l'on souhaite faire sortir le secteur de la préhistoire.
100 clips vidéos en exposition permanente, jusqu'au mercredi 26 octobre
Pour celles et ceux qui n'ont pas pu être présents mardi passé, rappelons que la diversité des réalisations est visible jusqu'au mercredi 26 octobre au travers d'une exposition/projection installée sur 6 écrans dans le cadre grandiose du Dépôt Royal de Tour&Taxis, 86c Avenue du Port, 1000 Bruxelles. L'expo est ouverte tous les jours de 8h à 20h, jusqu'au 26 octobre.