Dans son dernier numéro - le 68 -, le CSTC fait notamment le point sur la conservation, la dégradation et la réparation des surfaces en béton apparent des bâtiments classés. Une étude récente montre que des traitements transparents mats ou hydrofuges pourraient répondre à la fois aux exigences de réparation des bétons et à la conservation de leur aspect. Un article d'Emmanuel Cailleux, chef adjoint du laboratoire ‘Chimie du bâtiment’ au CSTC.
Les surfaces en béton apparent des bâtiments classés sont difficiles à réparer en raison de certaines contraintes liées à la conservation de leur aspect. Une étude récente montre que des traitements transparents mats ou hydrofuges pourraient répondre à la fois aux exigences de réparation des bétons et à la conservation de leur aspect. Chacun de ces produits a évidemment des implications et des avantages qui lui sont propres.
Contexte
Les réactions de corrosion apparaissant à la suite d’une carbonatation du béton constituent l’une des pathologies le plus fréquemment rencontrées sur les édifices en béton armé (voir photo ci-dessous). Elles produisent des dégradations (fissures, éclats, délamination, …) que l’on traite généralement au moyen d’un mortier de réparation. Bien souvent, un revêtement de protection (coating) est également appliqué en surface, afin de :
Un tel revêtement est notamment recommandé en cas de faible profondeur d’enrobage (< 10 mm). Pour les bâtiments classés, l’aspect et le matériau d’origine doivent être conservés au maximum. L’application d’un coating opaque à la surface du béton n’est donc généralement pas possible, bien que celui-ci soit nécessaire pour garantir une certaine durabilité des réparations.
Traitements
Afin de répondre à cette problématique, une étude a été récemment menée sur :
Ces derniers, bien qu’autorisés par la normalisation pour la réparation des bétons, restent peu utilisés en Belgique, dans la mesure où ils soulèvent toujours de nombreuses questions en matière d’efficacité, de délai d’entretien ou encore de contraintes ou de conséquences dues à leur utilisation. Ces deux types de produits sont couverts par la norme NBN EN 1504-2 (marquage CE) et peuvent faire l’objet d’un marquage BENOR. Ils ont été développés spécifiquement pour des applications sur béton et répondent à des exigences techniques précises (voir Les Dossiers du CSTC 2017/4.11). L’étude s’est concentrée sur le traitement des parois verticales. Les revêtements de protection et les hydrofuges considérés ne sont pas prévus pour être utilisés sur des surfaces horizontales. Les caractéristiques de base des produits sélectionnés ont été comparées avant leur mise en œuvre in situ sur des dallettes de béton instrumentées de différents capteurs ainsi que sur la façade ouest de la tour de police d’Anvers, datant des années 1960, instrumentée elle aussi. Le comportement en vieillissement naturel des bétons traités est suivi depuis près de trois ans déjà.
Résultats
Les résultats des mesures effectuées sur les dallettes et sur la tour de police sont similaires. Ainsi, quel que soit le traitement employé, on constate qu’il diminue le taux d’humidité relative à l’intérieur du béton et que la corrosion des armatures devient négligeable, même pour des aciers placés à moins de 10 mm de la surface.
La comparaison des modes d’application et des performances de base des traitements révèle toutefois plusieurs différences. Le tableau (voir en photo jointe) montre que le choix de l’une ou l’autre solution entraîne des modifications du comportement du béton et, notamment, de sa vitesse de carbonatation. L’enregistrement des données se poursuit actuellement, afin d’obtenir des informations complémentaires concernant la durabilité des produits. En effet, les hydrofuges sont susceptibles de présenter une durabilité supérieure à celle des coatings en raison de leur migration importante dans le béton. A l’issue du projet, il pourrait apparaître qu’un enregistrement en continu du taux d’humidité relative du béton pourrait constituer une solution simple pour suivre l’efficacité du traitement. Appliqué sur site, un tel monitoring pourrait en outre permettre d’évaluer plus précisément les besoins d’entretien.