Réemploi, mode d'emploi

D’après-vous, d’où vient l’intérêt des maîtres d’ouvrage pour le réemploi ?

Une partie des demandes provient de clients motivés par la récupération. Mais, pour beaucoup, il s’agit également d’un choix esthétique : l’idée est de créer une ambiance unique, pour un prix moindre ou équivalent à du neuf. Pour le concepteur, c’est très stimulant, car ce n’est jamais deux fois le même projet, ni le même rendu ! Beaucoup de matériaux anciens ont aussi fait la preuve de leur qualité à long terme : il suffit de comparer la durée de vie d’un parquet ancien et d’un stratifié, par exemple. C’est là une réelle plus-value pour le bâtiment.

Dans le tertiaire aussi ?

On assiste à une augmentation de la demande pour des bâtiments publics, des restaurants, des halls d’entreprise… L’idée du réemploi séduit d’autant que cela permet de limiter les impacts en matière de transport, de traitement des déchets de construction et favorise la main d’oeuvre locale pour le démontage, le nettoyage et la remise en état des matériaux. Du côté des pouvoirs publics, il y a donc clairement une volonté d’exemplarité, sans pour autant négliger, bien entendu, la qualité technique et les normes de sécurité.

Quels conseils donneriez-vous pour s’engager dans cette voie ?

Le réemploi doit être intégré dès la phase d’esquisse, pour évaluer ce qui peut être récupéré in situ ou trouvé ailleurs. Il faudra faire attention à la variabilité des stocks et il sera nécessaire de disposer d’assez de temps entre la démolition et la reconstruction, afin de collecter les matériaux, les remettre en état et adapter le projet le cas échéant. La réussite du projet est également fortement liée à l’implication du maître d’ouvrage, dans la recherche et la sélection de matériaux uniques. Enfin, un cahier des charges adapté et une bonne flexibilité de l’entrepreneur seront primordiaux. Le réemploi permet une grande créativité, mais il faut anticiper !

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