Transformation d’une maison bruxelloise typique
Le maître de l’ouvrage, un couple avec quatre enfants, souhaitent agrandir et transformer son immeuble pour en faire une habitation unifamiliale plus généreuse en lumière et en qualité spatiale, dans un cadre de vie personnalisé. Les architectes du bureau EDA-AU se préoccupent quant à eux de construire du sens dans la relation de notre culture à l’espace et au paysage. Leur ambition pour ce projet étant de révéler les enjeux patrimoniaux et paysagers présents sur le site, en renouant avec leur expression et en renforçant leurs relations.
Contexte
Dans un quartier résidentiel d’Ixelles, en retrait des grands axes, l’habitation mitoyenne se situe dans un îlot présentant de généreux et profonds jardins, à l’exception des bâtiments d’angles et ceux contigus. Côté rue, à la demande du service urbanisme, la façade d’origine de 1928 est conservée jusqu’à ses menuiseries. Le bien est flanqué de part et d’autre de deux grands immeubles d’écritures différentes. Le tout forme un ensemble éclectique avec des variations de hauteur significatives. Le logement dispose d’un sous-sol, d’une petite cour arrière, de quatre niveaux dont deux sous les combles. Les espaces sous toiture ne sont pas d’origine et forment un véritable noeud sans structure ni qualité.
Ouvertures
Concrètement, le projet tente d’apporter une réponse durable et synthétique aux problématiques d’une parcelle peu profonde, à l’enclavement du lieu, à la privation de lumière directe et à la dominante minérale de la rue. La logique de plan est typique d’une maison bruxelloise : les structures porteuse et spatiale existantes présentent deux séquences fortes dans le sens de la profondeur. Par endroits, cette logique a été altérée par des transformations antérieures. Le projet reconstruit et réaffirme cette structure dans l’existant et dans l’extension supérieure. L’épais mur central est percé au maximum suivant les besoins et les possibilités, créant une porosité entre les lieux partagés. Ces derniers, pour les principaux, sont traversants au rez-de-chaussée (séjour et cuisine) et au troisième niveau (espace polyvalent et bureau) pour agrandir l’espace et prolonger la perception vers la rue et l’intérieur d’îlot. Les espaces de services et le mobilier sont flanqués contre les murs mitoyens pour appuyer cette intention.
Apports de lumière
Dans le séjour du rez, une relation privilégiée est établie avec la cour qui est transformée en jardin contre le mur d’enceinte et en une terrasse en creuset pour libérer la vue de tout mobilier extérieur. Le niveau inférieur, depuis la salle de jeux des enfants, profite également de la modification du sol pour bénéficier de lumière et de la vue vers un talus planté. A l’intérieur, les matières et ouvrages d’époque sont conservés et restaurés : l’escalier en bois à double quartier tournant, les planchers en bois, le granito du rez, les maçonneries. Telle de la marqueterie, les nouveaux matériaux sont incrustés dans l’existant. A l’extérieur, le vert dans l’âme, le fer comme trame, les éléments du projet s’articulent autour du vivant (plantations et petite faune associée) et de matériaux traditionnels (verre, acier, brique et enduit). La coupe quant à elle exprime les cadrages et les relations visuelles intérieures et extérieures, les reculs formant les plateformes plantées aux troisième et quatrième étages, les variations des niveaux du jardin en terrasses entre le rez et le premier étage. Certaines baies sont augmentées ou créées pour cadrer des vues et apporter de la lumière. Un nouveau puits de lumière transforme l’escalier et ses paliers en lieu à part entière. Le coeur de l’espace de circulation, sombre à l’origine, est baigné de lumière depuis le troisième étage jusqu’au rez. Autour de cette centralité verticale, des cloisons vitrées offrent une clarté supplémentaire dans le séjour et le vestibule. En ce sens, le projet s’affirme dans une relation intro/extravertie avec l’espace public.