Un centre commercial surplombé par deux tours de logement

Même si son inauguration officielle n'aura lieu qu'en octobre, le nouveau centre commercial Cloche d’Or à Gasperich (GD Luxembourg) vient d'ouvrir ses portes pour la première fois au public. Initié il y a 5 ans, ce bâtiment a été conçu par Fabeck architectes, un bureau rejoint ensuite par Schemel-Wirtz architectes associés pour la phase de développement et d’exécution. Le centre commercial est  un bâtiment socle surplombé par deux tours de logements encore en construction, ce qui fait de ce complexe mixte un programme inédit au Luxembourg.

 

La Cloche d'Or reflète une stratégie urbaine qui place le commerce comme liant de la société et comme ciment fédérateur d’une vie de quartier. Il s’étend sur une surface de 75.000 m² pour l’hypermarché et possède un vaste parking souterrain de 2.850 places qui se développe sur quatre niveaux et est accessible depuis trois entrées différentes. Afin de valoriser la démarche, le maître d’ouvrage s’est engagé dans une certification de qualité environnementale internationale BREEAM et vise un niveau EXCELLENT pour le centre commercial.

Un extérieur plutôt fermé

L’enveloppe du bâtiment est un gros cube relativement fermé, les centres commerciaux étant en effet généralement une architecture plutôt introvertie. Aussi, on se retrouve avec de longues façades sans ouvertures, dont l’animation est assurée par le rythme du parachèvement et la scansion des modules verticaux. « Nous avons essayé toutefois d’aménager autant que possible des liaisons avec l’extérieur, et ne pas donner l’impression d’être dans un tuyau de commerces », assure l’architecte Tatiana Fabeck. « Pour cela, il fallait offrir des repères vers l’extérieur, ce que nous avons proposé avec de grandes verrières zénithales, permettant de voir les tours et le ciel à plusieurs endroits de la galerie marchande. De plus, le centre commercial communique directement avec la rue en trois points : l’entrée principale qui s’ouvre sur un parvis couvert et qui reflète par un jeu de miroir l’environnement et l’activité du carrefour, l’espace vitré de la zone de restauration située à l’étage du centre commercial et un autre espace vitré, mais réservé cette fois-ci à la communication des marques vers l’espace urbain. » Par contre, aucun espace de terrasse sur un parvis ou un bout de trottoir.

Inspiré par la Galerie des Glaces de Versailles

« Pour l’entrée principale, qui se fait par un grand mur rideau vitré pour une communication entre intérieur et extérieur, notre inspiration a été celle de la galerie des Glaces du château de Versailles. Si dans la phase concours, nous avions imaginé un grand lustre urbain ou une installation artistique lumineuse pour cette entrée placée en retrait de la rue, l’idée a finalement évolué vers un plafond facetté et miroitant, créant à la fois une amplification de l’espace et une valorisation de la piazza qui se poursuit à l’intérieur. Cet effet se prolonge sur les colonnes intérieures recouvertes elles aussi d’éléments de miroirs », explique Tatiana Fabeck. 

Un intérieur qui contraste, un aménagement non standardisé

À l’intérieur par contre, on quitte cette impression rectiligne pour entrer dans un espace plus organique, aux lignes onduleuses et avec des puits de lumière zénithale. « Je trouve cela très important pour les personnes qui travaillent ici qu’elles puissent avoir un lien avec l’extérieur, un contact avec le ciel, savoir s’il pleut ou s’il fait beau, et qu’elles puissent aussi avoir de la lumière naturelle. » L’aménagement intérieur ne répond pas aux alignements classiques, n’est pas standardisé et offre une certaine liberté à chaque marque pour aménager sa devanture de magasin, comme cela est possible en centre-ville. Cela laisse la possibilité à une dynamique intérieure portée par le rythme des façades de boutiques.

Un parcours intérieur 'urbain'

La déambulation dans ce centre commercial est ainsi conçue un peu à la manière d’une rue piétonne, avec de larges allées, éclairées le plus possible par la lumière naturelle, des vitrines hautes et individualisées. Ce parcours, conçu en circuit fermé, fluide et sans cul-de-sac, est ponctué par des espaces de repos, comme des bancs ou des assises publiques, qui sont regroupés en ilot. On trouve aussi une agora de 300m2, qui agit ici comme une place publique, c’est-à-dire un lieu de rencontre et de divertissement. L’intérieur du centre commercial est donc appréhendé à l’image d’un espace urbain, mais intérieur.

À côté de cela, tout est mis en œuvre pour porter l’activité commerciale : « Nous avons cherché à créer des vues lointaines, à la fois au niveau horizontal pour donner le plus possible de visibilité aux différentes marques, et au niveau vertical pour une meilleure appréhension globale de l’espace tout en créant un lien avec l’extérieur à travers les verrières », précise Tatiana Fabeck. Le cheminement se fait par un parcours courbe qui permet au visiteur de toujours voir les commerces suivants. Les dalles intérieures sont affinées et un maximum de colonnes est supprimé afin que le moins d’éléments possible ne coupent le regard et la visibilité des différents espaces commerciaux. Les toilettes sont stratégiquement positionnées au second étage pour inciter les usagers à monter dans la galerie commerciale.

Autrefois, les cœurs de quartiers étaient occupés par la place du village, avec le parvis de l’église, une place arborée qui pouvait être bordée par quelques commerces, une épicerie, un bureau de poste ou encore un bistrot avec une terrasse. Aujourd’hui, du moins dans certains cas comme à la Cloche d’Or, le cœur de quartier est occupé par un centre commercial. Une autre façon de concevoir la fabrique de la ville.

Un complexe aux accents belges

Les maîtres d'ouvrage de la Cloche d'Or sont les sociétés immobilières LCO1 et LCO2. Le bureau Fabeck Architectes a, outre la conception en association momentanée avec Schemel Wirtz Architectes Associés, également conçu tout l'éclairage du complexe. Mais l'ensemble a également des accents belges avec les bureaux  SGI Ingénierie (ingénieur statique), Greisch (ingénieur structure verrières) et Venac (acoustique).


 

Source: Archiduc.lu

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