Situé à Wakefield, au Québec, ce cottage niché sur les hauteurs du Lac-Saint-Pierre offre une vue imprenable. L'architecte, Paul Kariouk, a su faire fi des contraintes dues au terrain et à la législation pour nous offrir ce lieu d'exception qui prouve que la durabilité, c'est bien plus qu'une maison en bois sur un terrain arboré.
Le cottage nord-américain est souvent, dans l'inconscient collectif, une cabane en rondins dans la nature sauvage. Néanmoins, les cottages typiques sont des versions "boisées" de maisons de banlieue dotées de toutes les commodités modernes. Ces bâtiments entretiennent le mythe selon lequel le fait de ne faire qu'un avec la terre équivaut à un impact réduit sur l'environnement. The m.o.r.e. Cabin inverse cette idée en se séparant du paysage tout en étant construit de manière plus durable que les autres cottages. Cette réflexion n'est en rien cynique, mais optimiste : alors que les environnements organiques se dégradent, ce qui reste peut être engagé de manière plus responsable. À cette fin, m.o.r.e. Cabin touche la terre avec légèreté.
Interpréter la loi avec finesse
Les règles d'habitation exigent une marge de recul de 30 mètres par rapport au lac. Une falaise située à cette distance de 30 mètres a été intégrée à la conception du projet, alors que les méthodes de construction conventionnelles nécessitaient un nivellement du sol. Afin de minimiser les dommages causés à la colline et à la forêt, une dérogation au règlement de zonage a été obtenue pour permettre à l'avant de m.o.r.e. Cabin de planer au-dessus de la marque de 100 pieds (30 mètres), plutôt que de s'y ancrer.
Le mât
La solution technique au problème environnemental consistait en une seule dalle en béton et un "mât" en acier placé dans la marge de recul requise. Le fait d'éviter une grande fondation classique a permis de préserver le bassin versant et de prévenir l'érosion, tout en surélevant la zone de construction. L'utilisation de béton à forte intensité de carbone a également été réduite pour une empreinte carbone plus faible.
m.o.r.e.
La cabane m.o.r.e. est construite avec des panneaux CLT et des poutres en lamellé-collé provenant de sources appropriées. Le CLT a été fraisé hors site, puis a été hissé sur place, ce qui a permis d'éviter d'endommager le paysage avec les manœuvres des engins de construction.
Le pliage comme atout
Les considérations environnementales de m.o.r.e. Cabin ont donné lieu à une innovation structurelle. Le défi était de développer une stratégie structurelle utilisant des panneaux CLT en porte-à-faux en réponse au dénivelé du terrain. Le CLT conventionnel à 5 plis est trop lourd pour se soutenir sur de longues portées. La solution a consisté à utiliser un CLT plus fin à trois couches, dont la capacité structurelle est assurée par le "pliage" (tout comme le papier gagne en résistance lorsqu'il est plié).
Hors réseau
La maison est alimentée par l'énergie solaire. Le cottage surélevé capte davantage de brises et bénéficie d'une excellente ventilation croisée. Le chauffage est assuré par un poêle à bois "carbone vert" à haut rendement. La masse du CLT offre un bon confort thermique, tandis que la menuiserie assure l'étanchéité à l'air.
Inviter les voisins
L'un des objectifs de la maison était de créer un vaste gîte pour les chauves-souris brunes, une espèce menacée. Des nacelles pour chauves-souris ont été intégrées au mât afin de les protéger des prédateurs grimpants et de leur offrir une voie de vol dégagée vers le lac.