L’architecte d’origine jamaïcaine Hugh Dutton propose d’installer une verrière au-dessus de la cour de l’Intendant de l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris. Une verrière dont la structure est inspirée par l’arcnitecture de la cour et qui est « conçue telle un nuage, légère et immatérielle, survolant la corniche afin de revaloriser les proportions originelles de la cour » selon les mots de l’architecte. Mais également un véritable bijou, un diamant dont les multiples facettes laisseront entrer un véritable bain de lumière naturelle dans la cour intérieure.
« Le rôle de la Verrière de l’Hôtel de la Marine est similaire au rôle de la Pyramide du Louvre », explique Hugh Dutton. « Elle vient créer une porte d’entrée d’un édifice non conçu comme un musée. A l’image de la Pyramide, elle apporte et diffuse la lumière zénithale dans un espace sombre. Enfin, c’est l’élément qui crée l’identité contemporaine du lieu. »
La verrière couvrira la Cour de l’Intendant de l’Hôtel de la Marine. Elle se situera au-dessus de la corniche entre le 2e et le 3e étages, soit à la limite entre la partie du bâti de l’architecte Gabriel construite à la fin du XVIIIe siècle et celle ajoutée au cours du XIXe siècle. L’objectif est de rendre à l’édifice ses proportions originelles en masquant au visiteur les étages ajoutés.
Pallier au manque de lumière
« En hiver », explique l’architecte, « les rayons rasants pénètrent peu dans la Cour, notamment parce qu’ils sont interceptés par les étages ajoutés. La verrière se devait donc d’apporter davantage de luminosité dans cette cour sombre et profonde. »
Afin d’appréhender le contexte dans son intégralité et de façon quantitative, une simulation d’ensoleillement a été effectuée sur l’année entière.
« Les intentions du projet sont, à la manière d’un lustre ou d’un diamant, de collecter la lumière naturelle et de la diffuser. Il s’agit d’intégrer des éléments de réflexion afin d’obtenir des taches lumineuses, discrètes et aléatoires, en s’inspirant des phénomènes d’effets caustiques et de dispersion de la lumière obtenue par la taille des diamants », précise Hugh Dutton.
Habillage en inox et lamelles diffusantes
L’architecte a pensé à tout : des miroirs ont été placés tout autour de la verrière, au-dessus d'elle, de manière à amener le maximum de luminosité à l'intérieur de la cour. « Les miroirs et l’habillage réfléchissant de la structure permettent la diffusion de la lumière jusqu’au sol de la cour », explique Hugh Dutton. « Les réflexions viennent créer des éclats lumineux sur les façades et sur le sol de la cour. L’habillage en inox poli miroir permet de dissimuler la structure et ainsi diminuer l’impact de sa silhouette en contrejour par les réflexions qu’il occasionne. Les lamelles, translucides et réfléchissantes, filtrent la lumière sans diminuer la luminosité. Disposées radialement, elles brouillent la trame structurelle. Enfin, elles dissimulent les câbles et composent l’unité de la verrière. »
Optimisation thermique durable
La Cour de l’Intendant a fait l’objet d’une optimisation thermique par un bureau d’ingénieurs spécialisés. Un modèle thermodynamique complet de la cour et de son contexte a été construit afin de créer un micro climat qui temporise les températures extrêmes par apports minimaux. En été, on a une ventilation naturelle par double flux et un apport d’air neuf par différentes ouvertures. Les vitrages filtrent les rayons UV pour éviter l’effet de serre. Résultat, peut-on lire sur le site d’Hugh Dutton, « un espace de transition qui crée des conditions de confort en consommant 2,65 fois moins qu’une solution climatisation traditionnelle et qui rejette 3,5 fois moins de gaz à effet de serre. »
Mécénat et prochaine ouverture au public
Les travaux pour la création de la verrière, sous la maîtrise d’ouvrage du Centre des monuments nationaux, se dérouleront pendant le premier semestre 2019. Ils ont démarré par la pose de la structure en périphérie, sur la corniche, réalisée par Eiffage Métal.
Le coût total de ce chantier est estimé à 3,2 M€, le mécénat des Fondations Velux prenant en charge la création de la verrière (coût estimé : 800 000€).
L’objectif est d’ouvrir ce monument parisien peu connu au grand public à partir du printemps 2020. L’Hôtel de la Marine sera alors à la fois un lieu de visite comprenant plusieurs circuits et un lieu de vie (librairie, boutiques, restaurant, café et salon de thé).