Les eurodéputés réunis à Strasbourg ont entériné mardi une directive cruciale : à partir de 2030, tous les nouveaux bâtiments érigés au sein de l’Union européenne devront être neutres en termes d'émissions de gaz à effet de serre. Cette décision s'inscrit dans une dynamique plus vaste visant à rendre l'ensemble du parc immobilier européen exempt d'émissions d'ici 2050.
En décembre dernier, le Parlement européen et les États membres avaient trouvé un terrain d'entente sur cette réforme ambitieuse, qui vise à stimuler les rénovations et à réduire l'impact environnemental du secteur du bâtiment, l'un des plus grands consommateurs d'énergie en Europe et responsable de plus d'un tiers des émissions liées à l'énergie dans l'UE.
Cette directive fixe également des échéances précises : dès 2028, les nouveaux bâtiments occupés ou détenus par les autorités publiques devront déjà être à zéro émission, deux ans avant les autres constructions.
Quant aux bâtiments résidentiels déjà existants, les États membres sont tenus de mettre en œuvre des mesures garantissant une réduction d'au moins 16 % de la consommation moyenne d'énergie d'ici 2030 par rapport à 2020, et d'au moins 20 à 22 % d'ici 2035.
Une attention particulière est portée aux bâtiments les moins performants : au moins 55 % des économies d'énergie devront être réalisées dans ce segment, représentant 43 % du parc immobilier européen.
Concernant les bâtiments non résidentiels, les États membres ont pour obligation de rénover les 16 % des bâtiments les moins performants d'ici 2030, et les 26 % les moins performants d'ici 2033.
Néanmoins, des exceptions sont prévues pour les bâtiments agricoles et du patrimoine, tandis que les lieux de culte tels que les églises pourraient être exclus de la législation, sous réserve de décision des États membres.
En parallèle, la directive vise à décarboner les systèmes de chauffage et à éliminer progressivement l'utilisation des combustibles fossiles pour le chauffage et la climatisation. D'ici 2040, l'UE devrait ainsi totalement abandonner les chaudières à combustible fossile.
Cette décision historique a été soutenue par 370 voix pour, 199 contre et 46 abstentions. Elle nécessite encore l'approbation officielle du Conseil avant d'être transposée dans les législations nationales, un processus qui devrait s'achever dans les deux prochaines années.