Institut technique Sint-Michiel à Bree : parcours sans fautes grâce au BIM

CRH Structural Concrete Belgium est l'organisation chapeautant cinq marques réputées d’éléments préfabriqués en béton actives sur le marché belge : Echo, Ergon, Douterloigne, Prefaco et Schelfhout. Jusqu’il y a peu, chacune d’entre elles livrait séparément les chantiers. L’implémentation du BIM permet à présent un travail coordonné et l’interconnexion des produits des différents fabricants. La construction de l’Institut technique Sint-Michiel à Bree (conçu par OSK-AR architects) est la preuve que cela marche. 400 panneaux de façade y ont été livrés sans aucune erreur grâce au BIM. Cette réalisation a valu à CRH Structural Concrete de remporter les Tekla Benelux BIM Awards 2015.

CRH a été récompensée notamment pour son projet, dans le cadre duquel 400 éléments préfabriqués complexes et uniques ont été utilisés. Ce prix est une consécration non seulement pour le bâtiment, mais aussi pour le déploiement réussi du BIM au sein du groupe CRH. Dr Ir. David Dupont, European CAD Software manager, a accompagné cet ambitieux projet.

David Dupont : « L'aspect le plus connu du BIM est la visualisation 3D. Mais le BIM est bien plus que cela. C'est un système composé d'éléments auxquels des propriétés graphiques ont été assignées. Ces dernières génèrent un modèle 3D. Il s'agit en effet de l'aspect le plus connu du BIM. Et cela a son importance. Cela permet de voir bien mieux et beaucoup plus directement si par ex. votre armature n'entre pas en collision avec d'autres armatures. C'est un avantage considérable pour nous. L'autre avantage est que l'aspect humain, avec son risque corollaire d'erreurs, est exclu. Vous ne dessinez plus. Vous complétez une base de données avec une interface graphique. Un grand nombre d'informations accompagnent également les éléments, ce qui permet une meilleure coordination sur le chantier. Toutes les informations nécessaires pour produire, monter ou facturer sont disponibles immédiatement. »

L’implémentation du BIM fut pour CRH un trajet de longue haleine. Contrairement à d’autres acteurs de la construction, CRH a besoin comme fabricant d'énormément de détails. Chaque douille filetée, chaque œillet de levage, doit pouvoir être représenté. BIM présente différents niveaux de développement (Levels of Development ou LOD). De nombreux logiciels offrent un LOD de 300. CRH avait besoin de plus et opta donc pour Tekla, un logiciel offrant un LOD 400.

David Dupont : « Avant tout parce que ce logiciel offre une grande adaptabilité. Chez CRH, 6 personnes ont travaillé pendant 3 ans pour implémenter Tekla. Cela signifie qu'il a fallu 18 hommes/an pour écrire plus de 400 macros d'automatisation  permettant de dessiner automatiquement des éléments. Deux clics suffisent pour intégrer toute l'armature. »

L’implémentation d’un nouveau système est un aspect du défi, son utilisation un autre. BIM remplace des systèmes Autocad utilisés depuis déjà 20 ans et tellement personnalisés qu'on ne peut presque plus les appeler Autocad.  David Dupont : «  Pour les gens, cela représente une formidable adaptation. Avec Autocad, il suffit de tracer des lignes. BIM nécessite bien plus que cela. Nous dispensons des formations internes de 10 jours. Après cette formation, le dessinateur ne connaît que les bases. La période de rodage moyenne est de 6 mois. Ce sont ceux qui travaillent ici depuis le plus longtemps qui éprouvent souvent le plus de difficultés pour passer au nouveau système, mais ce sont aussi eux qui possèdent la plus longue expérience du préfab. »

Grâce à la visualisation en 3D, CRH peut également mieux impliquer les clients. David Dupont :« Comme la plupart des logiciels 3D, Tekla est en mesure de générer des fichiers IFC. Un viewer permet au client de se promener dans tout le bâtiment. Les clients peuvent fusionner ces IFS avec l'IFS d'un autre sous-traitant. Cela permet de détecter clairement si les poutrelles n'entrent pas en collision avec les éléments de chauffage. Nous recevons nous aussi des fichiers IFC. Nous les utilisons en toile de fond dans notre modèle 3D. Cela va beaucoup plus vite. Pour les clients, c'est une méthode de comparaison idéale. La structure en béton heurte-t-elle la structure en acier ? Nous en sommes encore aux balbutiements, mais cela fonctionne. »

Les différents sociétés du groupe CRH travaillaient déjà depuis un certain temps ensemble sur des projets intégrés. Avec Echo, Prefaco, Ergon et Schelfhout, elles sont en mesure de livrer une gamme complète d’éléments préfabriqués pour le gros œuvre du bâtiment. L’Institut technique Sint-Michiel à Bree est cependant le premier projet réalisé selon cette nouvelle méthodologie. David Dupont : « Ce n'est assurément pas la plus grande réalisation que nous ayons créée avec BIM. Quoi qu'il en soit, nous avons créé une très belle structure faite d'éléments complexes. Les plans des façades sont ce que nous avons fait de plus beau. Le donneur d'ordre nous a dit à plusieurs reprises qu'il avait été très étonné que tout s'emboîte si bien sur le chantier. Et c'est vrai que tout s'est parfaitement emboîté. Au centimètre près, comme un Meccano. Il y avait en tout 400 panneaux de façade, 250 poutrelles et 200 colonnes. Aucun élément n'a été mal réalisé. Pas le moindre raccord. C'est quelque chose de passablement rare sur un projet de cette ampleur. »

 

Cet article est paru dans une version plus longue dans BETON 230 à l’occasion de la remise des TEKLA Benelux BIM Awards.

Source: FEBE
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