Les travaux du Musée Royal d’Afrique Centrale sont terminés. Le bâtiment classé a été restauré en profondeur et s’est enrichi d’un pavillon d’accueil relié au musée par une galerie souterraine. C’est la Régie des Bâtiments, maître d’ouvrage du projet, qui a effectué la réception provisoire des travaux en avril dernier. Ce projet, débuté en 2013, est le résultat du travail de l’équipe pluridisciplinaire Stéphane Beel Architects + Origin Architecture and Engineering + Niek Kortekaas + Michel Desvigne + Arup NL + Bureau Bouwtechniek + RCR + Daidalos.
En tant que maître d’ouvrage, la Régie des Bâtiments a chapeauté toute la procédure administrative visant à désigner une équipe multidisciplinaire et un entrepreneur pour la rénovation du musée, la construction d’un pavillon d’accueil et la liaison souterraine entre les deux. Sur 11 candidats, c’est l’association momentanée multidisciplinaire Beel-Origin-Kortekaas-Desvigne-Arup-RCR-Daidalos-B-B qui a été choisie. L’entreprise de construction Denys a été désignée comme entrepreneur général. Grâce à la réalisation de ce projet le musée dispose désormais d’un espace d’exposition de 11.000 mètres carrés.
Stéphane Beel: “Nous avons redonné toute sa splendeur à ce bâtiment construit en 1910. Nous avons intensfié les vues et valorisé l’apport de lumière dans les salles d’exposition.”
Le pavillon d’accueil
Avec son mur-rideau en verre et sa structure légère, le pavillon d’accueil s’intègre harmonieusement dans son environnement verdoyant. Bordé d’arbres, il se compose d’un rez-de-chaussée et d’un premier étage qui ne dépasse pas la hauteur du bâtiment muséal. Dans le jardin français qui le sépare du musée, des podiums en béton de parement blanc ont été installés. Au premier étage, le restaurant du musée offre une vue spectaculaire sur le parc, l’étang et le musée. Le rez-de-chaussée abrite l’accueil des visiteurs et la boutique du musée ainsi qu’un escalier imposant en béton de parement blanc qui permet au visiteur de descendre aux étages inférieurs. Grâce à la profonde « cour anglaise », la lumière du jour est également présente à ces étages. Le niveau -1 accueille le foyer et les salles de réunion tandis que le niveau -2 propose un vestiaire muni de casiers, un réfectoire pour les groupes scolaires et 3 mini auditoriums modulaires. Tous les niveaux sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
La galerie d’exposition/liaison souterraine
Une galerie d’exposition souterraine de cent mètres de long relie le pavillon d’accueil au musée. Ce passage représente tant l’entrée que la sortie du musée. La pirogue, qui ne peut plus être déplacée, se trouve dans cette liaison souterraine depuis février 2016. La galerie comporte aussi deux salles d’exposition et un espace flexible qui peuvent être transformés en un seul grand espace d’exposition ou en un auditorium.
"Cette rénovation rétablit un dialogue avec le passé et permet de s'y confronter."
Dans la salle d’exposition, une paroi pivotante permet de scinder l’espace en une ou deux pièces. L’auditorium avec tribune télescopique peut accueillir jusqu’à 224 personnes. Une paroi derrière le podium offre un passage vers les salles d’exposition situées à l’arrière. Parallèle aux salles d’exposition temporaires, un circuit logistique/technique permet d’y acheminer et évacuer les pièces de collection. Les grandes pièces sont amenées du sous-sol via un monte-charge vers les niveaux souterrains. La galerie d’exposition souterraine respire la sobriété et la sérénité par sa conception minimaliste et l’utilisation de la couleur blanche pour les plafonds, les murs et la dalle de béton polie. Le large escalier à droite dans la galerie est une sortie de secours qui débouche dans le jardin « français » nouvellement aménagé. La galerie étant située plus bas que les fondations du bâtiment du musée, ces dernières ont dû être forées. Un phase particulièrement délicate que l’entrepreneur a réalisée avec soin et précision.
Stéphane Beel: "Nous avons conçu un projet qui ne dissimule rien de l’histoire du musée. Au contraire, la restauration rétablit le dialogue avec le passé et permet de s’y confronter. La liaison souterraine symbolise une exposition qui met en valeur l’histoire du musée. »
Le bâtiment muséal
La construction du pavillon d’accueil permet au bâtiment muséal d’être entièrement consacré aux expositions. Son architecture a été ramenée autant que possible à son état initial et les lignes de force d’origine du bâtiment, sa circulation et son éclairage naturel ont été revalorisés.
Le style « Palais des Beaux-Arts » cher à Léopold II a été respecté mais un certain nombre d’interventions « impropres » s’y sont greffées. Ainsi, le visiteur pénètre dorénavant dans le bâtiment du musée latéralement et souterrainement, ce qui ne lui fait redécouvrir les axes de vue initiaux et l’élaboration symétrique du plan d’origine que lorsqu’il se promène dans le musée et plus particulièrement dans les deux points centraux des ailes centrales.
Dans la grande rotonde, c’est la vue axiale vers le parc et les étangs qui est soulignée. Côté rue, la composition du plan est mise en valeur grâce à l’ouverture permanente du portail. Une niche en verre permet au visiteur d’apercevoir la sculpture de l’éléphant située de l’autre côté de la Chaussée de Tervuren. Le dégagement d’un patio dans la cour intérieure jusqu’à la rotonde cadre également dans cette stratégie d’« interventions impropres ».
Les façades du bâtiment muséal et du pavillon Stanley ont été nettoyées et restaurées. Les menuiseries extérieures en bois ont été restaurées et peintes dans leur couleur d’origine qui se marie bien avec la couleur de la brique de parement.
La qualité d’isolation du bâtiment du musée a été nettement améliorée en dédoublant les châssis et en plaçant une protection solaire entre les anciennes et les nouvelles fenêtres, ce qui a aussi une influence positive sur le conditionnement de l’air.
Le parquet d’origine en motif Versailles, les peintures et cartes murales ainsi que les plafonds ont été restaurés. Les portes monumentales en bois ont été repeintes dans leur couleur d’origine. Du vitrage Rf a été intégré dans les portes intérieures existantes en acier et en bois. Certains sols ont été démolis pour l’aménagement de plans inclinés pour personnes à mobilité réduite. Ces derniers ont été réalisés en marbre afin de rester discrets.