Eliah Mallants est ingénieur-architecte diplômé de l'Université de Gand. Il a fait un stage chez Pixii, la plateforme de connaissance pour la construction neutre en énergie, et est spécialisé en construction circulaire.
“Quelle est la recette idéale pour une construction circulaire et quels sont les produits qu'il vaut mieux utiliser ?" Les personnes qui découvrent la construction circulaire me posent très souvent cette question. Je n'ai pas de réponse toute faite à leur apporter, parce que les matériaux ne sont pas les seuls ingrédients à utiliser dans une construction circulaire. L'accent est trop souvent mis sur certains produits et en particulier sur leur phase de fin de vie. Bien sûr, il faut d'abord chercher les matières premières, mais il ne faut pas se contenter de cela. Une construction ne peut pas se limiter aux briques qui la composent.
Une sauce circulaire
Nous nous laissons parfois distraire par toutes sortes de techniques innovantes. Rien de neuf sous le soleil ! Nous devons cependant éviter que l'innovation ne devienne une fin en soi. Elle peut représenter tout au plus un moyen, mais en aucun cas une sauce que l'on verse sur le projet final pour qu'il devienne subitement circulaire. Une structure monolithique bien conçue et au bon endroit est parfois plus circulaire que de nombreux systèmes de construction réversibles ! La première peut résister à l'usure du temps et à nos caprices humains. Dans la seconde, nous supposons que le dispositif de construction sera réutilisé une fois sa vie terminée. Mais lorsqu'on y arrive, les incitants et l'information font parfois défaut, et le dispositif circulaire est juste bon à être démoli.
D'autres ingrédients
La réversibilité des composés en fin de vie n'est qu'un ingrédient parmi d'autres de la recette circulaire. Aujourd'hui, nous pensons encore trop peu en terme de cycles. C'est le cas pour les matériaux, mais encore plus pour les modèles économiques, les structures de propriété, les processus d'appel d'offre et de construction, l'utilisation de l'eau et de l'énergie... En urbanisme, la construction circulaire est celle qui reçoit sans doute le plus de suivi et de contrôle. Mais, malgré l'idéologie globale de la pensée circulaire, nous en restons au niveau de la construction et il nous manque la réflexion sur l'impact positif énorme que pourrait avoir cette transition au niveau d'un quartier ou même d'une ville.
En même temps, je voudrais insister sur la distinction à faire entre la construction circulaire et le développement durable, un concept entretemps dépassé et qui est plus large que la circularité. Nous risquons à nouveau de nous retrouver au même endroit, dans un monde où tout et rien serait circulaire. Encore une chose à laquelle il faut faire attention !
Un autre goût ?
La recherche de la recette circulaire idéale nous laisse sur notre faim. Ce concept est-il trop large pour être exploitable ? Avons-nous besoin d'une définition absolue ou d'un label reconnu ? Je ne le pense pas, car nous obtiendrions alors toujours le même 'repas'. Reformulons plutôt la question. Au lieu de "Comment construire de manière circulaire ?", demandons-nous "Que voulons-nous vraiment faire de notre environnement habité ?" Avons-nous chacun besoin de notre propre bureau, alors qu'il est vide la plupart du temps ? Ne pouvons-nous pas partager un même espace ou travailler dans un endroit vacant pendant la journée (tel un restaurant, par exemple) ? Peut-être devrions-nous remettre nos habitudes en question. Une chose est sûre : le chemin vers la construction circulaire est un parcours semé d'embûches.
A l'avenir, architectura.be accordera une attention toute particulière à la construction circulaire. N'hésitez pas à nous faire part de projets et d'avancées dans le domaine en envoyant vos informations à info@architectura.be.