Une passerelle unique garantit aux parlementaires une traversée au sec

Un rond-point flottant, un OVNI, un donut géant, une immense alliance ou encore un gigantesque rouleau de ruban adhésif : la spectaculaire passerelle qui franchit la rue de Louvain a été comparée à de nombreuses choses différentes au cours des derniers mois. Quoi qu'il en soit, la construction de Tondo a provoqué une certaine agitation à Bruxelles. Mission accomplie, donc, car lorsque la Chambre a lancé un concours d’architecture en 2016, son ambition était d'en faire un accroche-regard architectural. Le bureau Kersten Geers David Van Severen (KGDVS) a opté pour un projet unique, dans lequel la passerelle a été conçue comme un élément spatial plutôt que comme une solution technique. Le reste fait désormais partie du passé …

Un cachet visuel particulier

La passerelle relie le premier étage du Palais de la Nation au deuxième étage du Forum. Pour ce faire, les architectes ont dû combler une différence de hauteur de 80 centimètres sur une distance de 15 mètres. Ils ont donc donné au plancher une légère inclinaison, de sorte que la construction soit suspendue sous un léger angle. « Avec la forme spéciale de l'anneau et la façade en miroir, cela crée un cachet visuel particulier », explique Stefaan Jamaer, architecte du projet chez KGDVS. « La forme de l'anneau a été choisie afin de prolonger le parcours de manière à ce que la pente du plancher reste dans les limites (4% maximum). La façade en miroir permet à la construction de s'intégrer parfaitement à son environnement. La réflexion sur les panneaux courbes déforme les deux bâtiments et crée un certain « déséquilibre », renforçant l'effet de lévitation et détachant pour ainsi dire Tondo de l'environnement bâti. En même temps, la forme circulaire fait référence aux tours situées aux angles du Palais de la Nation. La façade en miroir fait partie d'une double peau. Derrière les panneaux réfléchissants en aluminium poli se trouve une autre paroi intérieure en verre incurvé. Bien que l'extérieur de la passerelle reflète les bâtiments situés le long de la rue de Louvain et présente donc un caractère fermé, les parlementaires peuvent profiter de la vue sur la rue depuis l’intérieur. Ce n'est pas un détail sans importance, car Tondo n'a pas seulement un objectif fonctionnel. C'est aussi un lieu où les parlementaires peuvent se détendre, se dégourdir les jambes et discuter de manière informelle avec leurs collègues. »

L'acier comme fil conducteur

D'un point de vue structurel, la passerelle peut être décrite comme un disque rigide. « Étant donné l'ambition d'insérer la structure entre les fronts bâtis existants, l'acier était le seul matériau adapté à la réalisation de cette œuvre d'art », explique Brecht Van de Velde. « Le toit sert de structure porteuse principale et est conçu comme un tube creux avec des nervures en tôle d'acier S355. Chaque nervure a été positionnée en fonction de la répartition des forces et optimisée pour atteindre un poids minimal. Le plancher incliné est suspendu au toit à l'aide de 32 fermes en acier blanc afin de maximiser l'espace libre sous la structure de la passerelle. Les tirants suivent le rythme fixe de la paroi intérieure en verre, qui est placée directement contre la structure en acier au moyen de joints en caoutchouc. Afin d'obtenir un bon équilibre entre la masse et le confort de l'utilisateur, le plancher est construit à partir de profilés UPN courbes avec une dalle mixte sur des profilés à âme creuse. La dalle mixte est plus légère qu'une dalle de béton pleine, mais possède en même temps une masse suffisante pour agir comme amortisseur de vibrations. La structure porteuse du toit et du plancher est constituée d'acier S355 J2+N (36 tonnes au total), avec un système de peinture répondant à la classe de durabilité C5i. Toutes les pièces en acier exposées, notamment les tirants, sont en outre protégées par un couche de peinture R60. »

Défis structurels et de stabilité

En raison de sa conception particulière, il n'était pas possible d’acheminer le toit en une seule pièce sur le site. Il a été divisé en quatre pièces pour limiter les travaux de soudure. Après avoir assemblé la structure du toit, les tirants ont été installés et le plancher a été suspendu. « Le plancher incliné présentait un défi structurel particulier. La passerelle ressemble à un cercle, mais est en fait un ovale en raison de sa position inclinée. Ce n'a pas été facile d'aligner la structure supérieure et inférieure », explique Stefaan Jamaer. En termes de stabilité également, ce n'était pas un projet ordinaire, souligne Brecht Van de Velde, ingénieur chez Bollinger Grohmann. « La passerelle relie deux bâtiments de styles architecturaux différents – le Palais de la Nation en maçonnerie datant du XIXe siècle et le bâtiment du Forum en béton du XXIe siècle – qui n'étaient pas prévus à l'origine pour être reliés. Sur la base d'une évaluation de la capacité de charge des deux bâtiments, nous avons choisi de remplacer les colonnes en béton du bâtiment Forum au deuxième étage par des colonnes en acier. Du côté du Palais de la Nation, la maçonnerie a été à son tour remplacée par endroits par une plinthe en béton, qui sert de support à la passerelle. De cette manière, nous avons pu concilier l'esthétique voulue – un cercle flottant pris en sandwich entre les deux bâtiments – avec la fonction structurelle du toit, visible depuis les étages supérieurs. En réalité, la passerelle est encore plus intrigante que ce que nous avions imaginé au préalable. »